La compassion plutôt que l'estime de soi
Dernière mise à jour : 16 janv. 2021
J'ai toujours été gênée par les incitations à augmenter l'estime de soi. Pendant longtemps, les psychologues l'ont considérée comme le marqueur principal d'une bonne santé psychologie. Voilà pourquoi la notion de compassion me semble bien plus intéressante.

L'estime de soi et ses inconvénients
L'estime de soi c'est le jugement de notre valeur. Elle se construit par rapport à notre perception de ce que l'on est, de ce que l'on fait, et elle s'évalue par rapport aux autres. Etre dans la moyenne ne suffit pas : il faut se sentir au-dessus de la moyenne pour se sentir bien.
Cela sous-entend qu'il faut se juger, juger les autres, et se comparer. Se mettre en avant, devient une nécessité, et en suivant cette logique, on peut facilement en venir à se réjouir de l’échec des autres.
Dès l'école, c’est ce qu’on nous inculque. C’est le principe d’un concours : pour réussir, il faut être meilleur. Au final, l’échec des uns permet le succès des autres. Après toute une scolarité dans cette logique, nous arrivons en entreprise pour entendre : " travaillons tous ensemble, car le succès est collectif. " Pas étonnant, que ce soit si difficile en pratique.
Le risque, quand on recherche trop l’estime de soi, c’est de tomber dans le narcissisme. De plus, l’échec aura tendance à être perçu négativement, à impacter ce que l’on pense valoir, alors qu’il est en fait un passage obligé dans la vie et un formidable levier pour progresser.
Savez-vous quel est le premier critère qui détermine l’estime de soi pour une femme ? Sa perception de comment elle plait physiquement à l’autre. Les femmes se comparent, jusqu’à parfois se réjouir de voir d’autres femmes plus ridées, plus grosses qu’elles ou moins bien habillées. N’est-ce pas une réalité ? C’est la course à la mode, à la beauté et à la minceur : une grosse pression pour les femmes aujourd’hui, et dès le plus jeune âge.
Par le biais de mon travail, je contribue à faire mincir beaucoup de femmes. Mais je travaille aussi pour les aider à identifier leurs motivations : Que l'on soit mince ou en surpoids, cela ne doit pas impacter la perception de ce que l'on vaut.
La compassion, quelle différence ?
Elle a trois composantes très intéressantes. Tout d’abord, se traiter comme nous traiterions une bonne amie. Avec gentillesse, compassion et encouragement. Ensuite, le fait de nous sentir « normaux ». Réaliser que l’on est humain, imparfait, et finalement comme tout le monde. Un sentiment qui rapproche des autres. Enfin, sa caractéristique et d’encourager la pleine conscience, dont on parle tant en ce moment. Être dans le présent, accepter ce qui vient, notamment la souffrance ou " l’échec ", comme étant normal.
La compassion nous empêche t-elle de donner le meilleur de nous-même ?
C’est ce que l’on a tendance croire, même si la science semble démontrer le contraire.
Se critiquer, se juger, c’est une façon de mieux réagir ? C’est surtout une façon de s’enfoncer et de ne pas se mettre dans un état d'esprit qui nous fait avancer. Le lien avec le stress, la dépression, et l’anxiété est prouvé. Au niveau des hormones, cela est associé à une sécrétion importante d’adrénaline et de cortisol. Un cocktail qui ne permet pas de réfléchir correctement, de prendre les bonnes décisions et d'agir efficacement.
A l’inverse, la compassion amène de la chaleur, de la sécurité, et de la gentillesse, ce qui augmente la sécrétion d’ocytocine et d’opioïdes. Cela nous met dans un état optimal pour faire de notre mieux.
Autrement dit, on peut voir ce qui ne va pas dans notre vie, dans nos comportements, dans nos accomplissements, sans pour autant être dur avec soi-même. Ce sont deux choses différentes qui n'ont pas de lien.
Je lis beaucoup d'articles qui encouragent les femmes à s'accepter avec le surpoids et donc abandonner l'idée de maigrir.
S'accepter : oui.
Accepter le surpoids : oui.
Donc ne rien faire : non !
Cela n'a rien à voir. On peut s'aimer, et justement parce que l'on s'aime, décider de s'attaquer à nos kilos, qui nous gâchent la santé. A l'inverse, on peut s'attaquer à nos bourrelets pour enfin s'accepter. Et là, devinez quoi ? Une fois mince, on ne s'aimera toujours pas. Une désillusion qui fait beaucoup de mal.
Le lien avec le spirituel
L’amour divin est inconditionnel. Il ne dépend pas de ce que nous faisons. Et c’est ça qui est extrêmement puissant. La compassion de Dieu nourrit le sentiment de compassion envers soi. C’est vraiment ce que je constate dans ma foi : ma motivation à faire mieux n’est pas liée à un besoin d’être acceptée. Je n’ai pas la pression de devoir être quelqu’un de bien. Je suis, de par ma nature, humaine et très imparfaite. C’est vraiment la compréhension de la compassion de Dieu envers moi qui me pousse à vouloir faire mieux, qui me met dans l’état d’esprit de vouloir me dépasser. L’histoire de Jésus est centrale dans tout cela, car son sacrifice à la croix efface toutes mes imperfections aux yeux de Dieu. C'est la merveilleuse histoire du pardon, de l'amour et de la compassion de Dieu. Hélas, peu partagent aujourd'hui cette vision puissante du divin, tant inspirante.
La compassion envers soi-même est une composante clef lorsque l’on entre dans une démarche de prendre soin de sa santé. La critique, la culpabilité, le perfectionnisme : on laisse cela au placard. On fait un pas après l’autre, conscient que l’on peut s’améliorer, mais que l’on restera toujours bien imparfaits. C'est un cheminement sans pression : nos échecs, nos succès, rien de tout cela ne détermine ce que l'on vaut.
Voyez-vous la différence entre la compassion et l'estime de soi ? Pour aller plus loin je conseille les articles de Kristine Neff qui sont très inspirants (en anglais). N'hésitez pas à donner votre avis en commentaire ou à me solliciter.